
Catégorie : Afrique de l’Ouest. 15 décembre 2010 au 1 février 2011
Rabat. Maroc. 20 décembre 2010
Infos camping-car :
Attention le nouveau port de Tanger est à 50 Km au Nord Est de Tanger. Nous n’avons repéré aucun bureau de change ni d’assurance dans cette douane. Aucune signalétique sur les terminaux immenses donc suivre le flot et les indications gestuelles des personnes en uniformes.
Autoroute Tanger/Larache : 81 Dh ( env 8,10€)
Nuit sur l’aire de la Comarit à Larache : 50 Dh (5€) mais gratuite si vous avez des billets Comarit ou Comanav ( à produire)
Autoroute Larache/ Kenitra : 54 Dh ( 5,4€)
A Kenitra, le camping la Chênaie n’est plus indiqué. Sortir à Kenitra Nord, aller à Kenitra centre et suivre les panneaux «Marjane». Sitôt passer sous le pont de la voie ferrée, prendre la 1ère rue à gauche, direction «conservatoire des ressources forestières». Puis toujours tout droit sur environ 2 Km.
Le récit :

Jusqu’en Espagne, le voyage s’est déroulé sous un beau soleil. Le vent fort ballotte le camping-car mais peu importe ! Les paysages sont superbes : successions d’orangers et de citronniers dont les branches ploient sous les fruits, oliviers à perte de vue qui s’étendent à flanc de coteau. Nous dormirons sur l’aire de stationnement de Narbonne la première nuit, puis à Santa Pola (Alicante) sur le port.
Pour rejoindre Algeciras, le GPS nous entraine sur une autoroute en plein coeur des terres. Le paysage est désertique, limite angoissant ; il nous rappelle certaines scènes de westerns mexicains : champs envahis de cailloux, montagnes rocheuses, végétation rare, de ci de là quelques monticules de terre qui cachent…une habitation troglodyte ! Notre autoroute nous entraine à plus de 1300 mètres d’altitude ; la vue sur les plaines est magnifique. Ces 400 Km ne nous auront rien couté : l’autoroute est gratuite contrairement à celle de la côte. Cependant, au retour, nous privilégierons la côte par crainte de mauvaises conditions de route.


A Algeciras, achat des billets chez il Signor Guttierez ! Au moment de notre passage, chose à peine croyable : il est le moins cher de tous les voyagistes. Peu importe comment ! Et le tarif indiqué sur le billet !!! Le prix est hyper compétitif et l’accueil excellent. Une bouteille de cidre et un cake nous serons offert.
Puisqu’il est encore tôt, nous décidons de faire tamponner le carnet ATA («exigé» au Sénégal pour les véhicules de + de 5 ans) à la douane du port. Nous n’avons aucune idée de sa localisation et nous suivons benoitement la file pour Tanger jusqu’à un grand parking sans trop savoir si on pourra ressortir de la zone ! Là des policiers nous ont renseignés. Oui mais… car il y a un mais ! … Nous ne trouvons que la sortie de la douane avec un gros pictogramme représentant une silhouette barrée et un panneau « prohibido ». Même sans parler espagnol, on comprend ! C’est clair ! Pleins de bonne volonté, on cherche l’entrée…on re-cherche et là… Tant pis ! On fait comme d’hab .
Tu as vu un panneau ? Non ! Tu as vu une interdiction ? Non ! Il n’y a aucune indication ? Aucune ! On entre au pas de charge…par la sortie… à l’immense stupeur d’un groupe de 6 douaniers. Grand sourire de ma part, battement de cils… «Pourriez-vous m’indiquer, je vous prie, la « adogana » ? ( au lieu de «adouna » soit dit en passant) dans un beau français correct . Ils ont été charmants, même pas fâchés de notre transgression.
A la douane par contre…C’est une autre histoire ! Un premier douanier soupire devant le fameux carnet. Une collègue arrive. Échange entre eux en espagnol…Je comprends «magnana». Comment çà «demain» ? On est là et on veut tout de suite. Grand sourire, regard plein d’espoir : «c’est bien possible aujourd’hui ? On embarque très tôt demain». La collègue décide de nous rendre ce service. Ouf ! Quand soudain…«it’s not correct !» Allons bon…Pas correct ! Et pourquoi donc ? Il manque une page au carnet : celle qui est restée à la douane de Chassieu lorsque nous avons fait validé le document. Je me lance dans une explication en anglais. Au bout de 5 «it’s not correct», lasse de mon mode «disque rayé qui rabâche», elle cède et donne le précieux coup de tampon au bon endroit. Je ne comprendrais jamais la logique douanière : s’échiner à dire qu’il y a une erreur pour finalement céder !? Il vaudrait mieux céder tout de suite. Quel gaspillage de temps et d’énergie !
Lever à 6h sous une pluie battante pour embarquer sur le ferry de 9H. Nous sommes bien placés dans la file. L’embarquement commence à 8H pour…stopper à 8H30 alors que très peu de véhicules sont à bord. On attend ! Des gens en gilets jaunes, talkies à l’oreille s’agitent puis…plus rien. Plus rien ne bouge ! C’est quoi ce bazar ???
Au bout d’une heure, ce qui semble être un responsable arrive et l’embarquement reprend dans une pagaïe monstre. Sauf que… sauf que les camping-cars n’embarqueront pas !!! Le pont abaissant du bateau est cassé donc pas de véhicules hauts à bord. Pourtant les fourgonnettes marocaines avec un chargement bien plus haut que nos véhicules entrent !!! Aucune logique !!! A 3 camping-caristes nous forçons le passage. Nada ! STOP !!! Jean-Paul «attrape » le chef…Pour lui entrer la logique en tête ? C’est foutu : il y aura un bateau vers 11H30 pour nous, le temps pour celui qui part d’opérer une rotation. Tous les camping-caristes râlent ! Encore une fois, on nous laisse sur le carreau ! Le supposé chef avance : «vous pourrez vous faire un café en attendant, ce n’est pas comme pour les voitures !» Ah ouais ! On se fâche encore…En vain ! Le bateau part à 10H30 au lieu de 9H. Sachant que la traversée dure une heure, le débarquement et embarquement à Tanger autant…. A votre avis, il sera de retour à quelle heure ce bateau ?
Pour un départ annoncé à 13 H, le bateau est arrivé à…14H30 ! Le responsable de la compagnie avait pris nos billets d’embarquement pour les changer. Il devait les rapporter mais nous ne les avons toujours pas ! Echange rapide en camping-caristes : on monte quand même à bord ! On force ! Hé !? Le chef nous fait signe d’avancer…Nous ?! …En premier ?!… Et …non seulement en premier mais il nous tend nos cartes d’embarquement ! Incroyable ! Dire qu’on pensait dormir sur le quai …


Une heure quarante plus tard, nous débarquons dans le nouveau port de Tanger, à 50 Km au nord Est de Tanger. La douane est une pagaïe monstre ! Le douanier fait garer tous les ccars sur des zébras et nous demande d’attendre. Encore !!! Au bout d’un moment, on s’approche du poste, fiche verte du véhicule et passeports en mains ! Le douanier semble ne pas nous voir : on se met systématiquement sur son passage. Puis après plusieurs volte-face, il prend nos documents et…Attendez ! …Bon on sait !!!

Une heure plus tard, nous aurons le précieux sésame pour le véhicule avec une autorisation de séjour de 6 mois. La pluie redouble ; aussi décidons nous de faire étape à Larache sur l’aire de la Comarit. Sur la nouvelle autoroute, la police est omni-présente, cachée dans des endroits improbables : bretelle de sortie, sous un pont, en plein virage ! Jean-Paul modère sa vitesse : le véhicule doit rouler à la vitesse indiquée sur le panneau de limitation…avant le panneau ! L’amende est de 700 Dh, environ 70€.

Rabat. El Jadida. 21 décembre 2010
20 décembre 2010. Ciel voilé . 24,5°
Lever à 6h pour être au consulat de Mauritanie à 9 H, nous trouvons grille close au camping ! Çà commence bien ! Un gardien finit par nous ouvrir. Rabat est comme toutes les grandes villes : asphyxiée par des embouteillages monstrueux aux heures de pointe ! La circulation est complètement empirique ! Les véhicules se croisent et s’entre-croisent avec les 2 roues. La vigilance est de mise à chaque tour de roue.
Le GPS routier est censé fonctionner en traceur ; il pointe le cap et navigue selon les waypoints que je lui ai rentrés. Encore faut-il trouver le bon écran ! Plusieurs tripatouillages seront nécessaires. Nous arrivons, enfin, devant l’ambassade de Mauritanie ! La porte du « bureau » s’ouvre. Une bousculade monstre cause le courroux du préposé : « un par un ! Tout à la queue! ». Il faut jouer des coudes et écraser des pieds pour garder sa place en lançant un regard noir et parfois une invective ; Nous voici dans la place et là….
Le « bureau » a la taille d’une cabine de douche ! 5 personnes attendent derrière le « guichet », compressés au point de ne pouvoir bouger un membre ! Essayez de rentrer à 5 dans une cabine et vous comprendrez aisément ! Le guichet est formé d’une vitre dans laquelle sont découpés à 1,60 m du sol, un trou rond de 10cm de diamètre et, 1M en dessous un trou rectangulaire de 3cm de haut sur 10 de long. Un vrai « trou qui parle » à la russe ! L’ensemble de la vitre est recouvert de scotch marron. Sait-on jamais si on réussissait à voir la tête du préposé !!! Bien évidemment aucune lumière dans ce bouge ! L’horreur absolue pour une claustrophobe comme moi ! Concentrée sur ma respiration, je prépare soigneusement nos documents. Le douanier veut les dossiers « UN à la FOIS ! »; afin de ménager sa susceptibilité, je tends celui de Jean-Paul en premier. Mais, quand il découvre le mien, il tonitrue : « VOUS ETES ENSEMBLE ? » « oui » « Alors les dossiers ENSEMBLE ! »…Logique douanière !!!
Les visas seront disponibles demain à 14 H ! Rien à faire pour les obtenir dans la journée !
Nous visitons donc Rabat.
Rabat a été fondée en 1150 par le Grand sultan Almohade Abd al-Moumin, au nord d’une antique cité romaine. Le Maréchal Lyautet l’avait choisie comme centre administratif du protectorat. Les immenses remparts, couleur de pain d’épices, érigés par Yacoub el Mansour, au XII ème siècle, entourent la ville sur plus de 5 Km.
Nous parcourrons la Médina et flânons dans ses multiples échoppes jusqu’à l’immense cimetière El Alou que nous longeons jusqu’à la Kasbah des Oudaïas.
Un peu de traduction :
Kasbah : maison fortifiée en pisé sur fondations en pierre
Ksar : ensemble formé par plusieurs Kasbah, donc village fortifié
Souk : marché
Dar : la porte
Médina : la ville
Riad : jardin clos, puis maison d’hôte avec jardin.
Baraka : la chance

Revenons à notre Kasbah. Elle est l’une de premières constructions de la ville, a été bâtie au XII° siècle sur un site romain. Les Oudaïas étaient de terribles pillards, si sanguinaires, que le Sultan Moulay Abderrahmane a arrêté leur caïd en 1832 et a dispersé toute la tribu. Une partie s’est réfugiée à Rabat dans cette Kasbah à l’abandon. Décidés à se tenir tranquille, les Oudaïs deviendront les garants de la sécurité de la ville.
La Kasbah est divisée en trois parties : andalouse, portugaise, musulmane. Les ruelles sont étroites, les maisons peintes de blanc, symbole de l’unité, et de bleu pour la mer. Au pied des murailles, le long de plage, le mausolée de Sidi el’Yabouri fait l’objet d’un culte assidu de la part des femmes en mal de maris !

Un dar est orné d’un chat… Etrange…Il s’agit du riad Dar Baraka (darbaraka-rabat.com) et son histoire est peu commune. Avant de partir pour la Mecque, le propriétaire a caché sa fortune dans un trou du jardin. Il est mort lors du pèlerinage. Malheureusement, sa famille ne connaissait pas la cache. Lors d’une grande famine, elle a recueilli un chat famélique…qui un beau jour, a gratté le sol et découvert le trésor ! La légende dit qu’Allah a voulu récompenser la famille de sa charité envers la pauvre bête.

Nous voici à nouveau devant le consulat et nous échangeons quelques mots avec Yves et Roselyne rencontrés hier. Le passeport d’Yves n’avait plus qu’une demie page disponible et le douanier a refusé d’accorder le visa : il exige 2 pages vierges !!! Le consulat a finit par accepter d’établir un passeport provisoire. Mais aujourd’hui, le douanier exige 20 DH (2€) et refuse de rendre la monnaie sur le billet tendu par Yves ! C’en est trop ! Je tends une pièce de 20 DH à Yves, histoire de contenter le douanier !!! Et quand les Français se dépannent…APERO !!! Nous avons passé deux heures agréables dans leur caravane… A charge de revanche au Sénégal… puisque nous serons dans le même coin.
Au moment de partir, la roue arrière droite est quasi à plat. Jean-Paul enclenche le compresseur et regonfle. Nous nous arrêterons souvent sur l’autoroute pour contrôler…Le pneu devient brulant… Soudain… SPLOOOOO ! BBANNNG ! Nous nous garons en catastrophe ! Le pneu est à plat !

Nous changeons la roue et prévenons Mina de notre retard. Elle nous attend chez elle à El Jadida. Nous arriverons à la nuit, juste avant une nouvelle tempête ! L’accueil de Mina est digne de sa réputation ! Jusque tard, nous échangerons avec sa nièce et ses neveux. Ils nous conseillent et nous apprendrons que la route entre Marrakech et Agadir est coupée à cause des inondations. Où va-t-on passer ? Il faut attendre (encore !), le temps va s’arranger !
Le lendemain, grâce à l’intervention efficace de Mostapha, notre roue est réparée pour… 20 Dh !!! (2€)
Album photos Rabat. Cliquez ci-dessous.
El Jadida : En accostant en 1502, les Portugais ont édifié en catastrophe un fortin, baptisé : Mazagan. Il est doté de superbes murailles, réputées imprenables. En 1514, une salle d’arme souterraine est construite. L’épaisseur des murs dépasse 3 mètres, sa superficie couvre près de 100 m2 et 25 piliers soutiennent sa voûte. En 1541, ce bâtiment sera transformé en citerne à eau. Alimentée en eau de pluie grâce à un trou dans la voute, elle peut contenir 2,7 millions de litre d’eau ! Abandonnée, puis murée, elle a été redécouverte…en 1916, quand Ben Attar, épicier de son état, a souhaité agrandir sa boutique en écroulant un mur !

Mais revenons à Mazagran; En 1769, le terrible sultan Mohamed ben Abdallah s’empare de la ville et la rebaptise El Jadida, ce qui signifie «La nouvelle» en arabe. Elle s’agrandira et la médina sera cernée de remparts, flanquée de 4 nouveaux bastions.
Après une séance shopping dans la «caverne d’Ali Baba» et au souk, il est temps de reprendre notre route.
Merci à Mina et à sa famille pour leur accueil chaleureux !
Album photos El Jadida. Cliquez ci-dessous
Descente du Maroc. 24 au 29 décembre 2010

Tranquillement, nous « descendons » le Maroc pour rejoindre le Sahara Occidental et la frontière de la Mauritanie.
Au Tropique du cancer, nous quittons définitivement nos vêtements d’hiver. la route s’étire, long ruban d’asphalte entre océan et dune. Nous traversons des villes et des villages et nous étonnons devant les « matériels roulants » et leurs chargement !
A Foum El Oued, nous aurons plaisir à retrouver le camping qui nous avait accueilli lors de notre voyage en 2010, avec le même gardien, toujours aussi attentionné, juste un peu plus vieux.
Enfin, juste avant la frontière, au Motel Barbas, nous retrouvons Yves et Roselyne et décidons de passer le no man’s land entre Sahara Occidental et Mauritanie ensemble. Yves tracte une caravane. Il est habitué à cette « traversée ». Nous non. Nous le suivrons donc pour, si besoin, désensabler la caravane grâce à notre sangle de tractage et nos plaques à sable.
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1 ères impressions. 30 décembre 2010
Quelques instantanés:
Les mirages :
Vous apercevez au loin une magnifique ville blanche étincelante dans le soleil, un bosquet d’arbre près d’un lac. Vous ne les atteindrez jamais hélas ! Il s’agit bel et bien d’un mirage. Pour en être sûr, une seule solution : faire une photo avec son appareil numérique. En regardant ensuite dans l’écran de contrôle et en jouant avec le zoom, vous verrez…rien ! Juste l’immensité du désert ! Les experts avancent que ceci est dû à la réverbération du soleil sur le mica du sable…Nous n’en savons rien mais pour l’avoir vécu, ce phénomène est troublant.
Des vedettes ?!
A peine arrivés chez Ali à Nouadhibou, un journaliste nous a littéralement sauté dessus pour nous interviewer ! Il a copieusement photographié notre véhicule, et Ali avec nous. Pour quel journal ? Aucune idée ! Mais impossible de voyager incognito !
Coût de la vie :
salaire moyen entre 250 et 400€ par mois. Ali nous a indiqué que « 250€ c’est déjà très bien ! ». Par pudeur, nous n’avons rien dit du notre. La vie a énormément augmentée en Mauritanie. Les Mauritaniens se plaignent de ne plus pouvoir vivre, du manque de travail et de l’enrichissement croissant des «déjà riches ». Beaucoup trouvent ceci anormal. La Mauritanie s’oriente-t-elle vers un nouveau coup d’état ? Le dernier remonte à 2008.
Internet :
Pas de haut débit mais des ordinateurs hyper performants ! Choc pour l’Européen ! Pour vous donner une idée : pour mettre en ligne 2 billets sur le blog, sans photo, ni mise en page, il m’a fallu une heure de connexion. Et encore ! J’ai du utiliser une subtilité : envoyer le texte par mail vers une adresse « secrète » correspondant à la page d’accueil du blog…lequel s’avère impossible à ouvrir !
L’ADSL arrive tout juste à Nouakchott la capitale !
Nouakchott :
Que de changements en 5 ans ! En 2005, la ville était très sale, les trottoirs inexistants, les voitures, y compris, les taxis officiels en dentelle de rouille. Les chèvres, omni présentes, se nourrissaient de toutes sortes de détritus jonchant les rues : cartons, sacs plastiques, viscères…Le Marché Capitale enchantait par ses couleurs, son air brouillon, ses « échoppes » de tieb tieb ( récup, occasions ) où tout, absolument tout, pouvait être acheté : de l’ante-diluvienne prise électrique à l’essence dans une bouteille en plastique de tonic ! Les passages du marché étaient couverts de mellahs (voiles colorés) afin de protéger les chalands du soleil.
Aujourd’hui, le made in Taïvan a tout envahi. Nous n’avons pas réussi à trouver des naïls, sandales touaregs réservées aux femmes et confectionnées dans des peaux de dromadaires (enfin …en chèvre maintenant). La tong est reine dans les échoppes de chaussures ! Des bâches de plastique bleu couvrent les allées et la police chassent les marchands « à la sauvette » !
Les voitures à Nouakchott sont en bon état, voire flambant neuves, y compris les taxis officiels. De larges trottoirs recouverts de faïence bordent certaines avenues et…une « brigade de propreté » ramasse les détritus …que vous pouvez jeter dans d’immenses bacs poubelles …aussitôt renversés et fouillés par les nécessiteux ! Là pas de changement hélas !
Dans le quartier des ambassades, nous avons traversé une véritable cour des miracles : boiteux, culs de jatte, polios…Toutes les infirmités s’étaient données rendez-vous. Les gens quémandent mais, face à un refus poli et ferme, n’insistent pas.
Les Autorités :
Pour le moment, au Maroc comme en Mauritanie, tant la Gendarmerie Royale que la Police restent courtoises et correctes : une seule demande de cadeau et une seule demande « d’encouragement »…que nous avons déclinées comme il se doit !
Il semblerait que les Gouvernements ont strictement interdit d’importuner les rares touristes…A suivre…
Nous apprécions leur courtoisie et rions de leur amusement devant nos fiches de police. En couleur, avec nos photos d’identité et celle du véhicule, elles remportent un franc succès. Il doit exister un concours de la plus belle fiche récupérée dans la journée vu la mine réjouie de la personne qui obtient la notre!
Le « Blaireau Gonflant » :
Il sévit toujours ! Sorti de nulle part, y compris en plein désert, toujours prêt à rendre service, surtout quand…on a besoin de rien ou que la réparation nécessaire au véhicule est déjà réalisée. On éconduit fermement ! Et devant la demande de cadeau, inévitable, on formule une contre-demande de cadeau. « Blaireau Gonflant » en perd l’intégralité de ses moyens ! Pensez donc : le toubab réclame au lieu de donner !!!
Nourriture :
Tout est désormais accessible dans les grandes villes mauritanienne : fromages comme alcool. Il suffit de savoir où s’approvisionner ! Mais…toujours pas de vitrines aux magasins ! Ceci réduit les joies du shopping.
Tout se marchande sauf le pain. Le vendeur annonce un prix qu’on divise par trois. Nous proposons un tiers du prix vendeur. Si notre estimation ( c’est la formule) est trop basse, la transaction ne se formalise pas. Il suffit de passer à la boutique suivante, qui propose d’ailleurs les mêmes articles made in Taïwan, et…re-belotte. Si à nouveau les négociations ne démarrent pas, nous revoyons notre estimation à la hausse. En général, le 3ème ou le 4ème vendeur, prévenu par téléphone mauritanien aura baissé son prix. Face à une légère augmentation du notre, l’affaire se conclue ! L’Afrique reste et demeure l’école de la patience !
La religion :
Le Muezzin s’égosille plusieurs fois par jour du haut de son minaret. Les mosquées sont extrêment nombreuses, chacune étant dotée de son muezzin. A heure fixe, dès le lever du jour ( 5 ou 6H du matin) tous les muezzin donnent de la voix et nous…on compare et on se marre ! Quelle cacophonie !!! La pire expérience pour le moment a été vécue à Nouadhibou. Pendant plus de deux heures, toutes les 5 minutes, les 6 muezzins scandaient : « allah akbar »…pour punir les non musulmans ? En tout cas, on connait. C’est « PROPAGANDA»!!!!
Insécurité :
Pas vraiment ! La gendarmerie et l’armée sont présentes. Nos haltes s’effectuent dans des établissements de renommée, recommandés notamment par Gandini dans son guide des campings au Maroc avec extension. Ces aubergistes représentent des mines de renseignements très précieuses. Ils estiment que la situation est calme et sûre pour les voyageurs. Ils nous accueillent à bras ouverts et s’inquiètent de la désaffection des routards. Nous venons d’échanger avec le responsable mauritanien de « Mauritanie Aventure ». Pas d’inquiétude pour lui, la société organise toujours des séjours mais…la prudence reste de mise…
Nouadhibou. Nouakchott. Mauritanie. 26 au 30 décembre 2010
Après une halte bien méritée chez Ali à Nouadhibou, nous reprenons la route pour Nouakchott.
Ali a été un hôte attentionné et désireux de faire connaitre son pays. Il nous a emmené à la pointe de Nouadhibou voir des phoques, puis au marché au poisson. Il s’est occupé de la réparation de notre roue, encore crevée ! Et que dire du délicieux thé partagé avec son épouse !



Nous prenons le temps de déposer chez le Père Jérôme un énorme carton de médicaments et de lait en poudre pour les enfants. son église est étonnante : toute ronde et surmontée d’un poisson à la place de la traditionnelle croix ou du coq gaulois.
C’est bien volontiers que nous lui rendons service et emmenons à son ami qui garde la grande antenne du PK 300 un carton de légumes, à remettre impérativement à son ami et pas à son épouse…Eh oui ! Car sous les légumes…bien cachée…une bouteille de wisky est destinée à l’ami.
Le trajet s’annonçait simple et tranquille par un goudron plus que correct. Nous doublons une Renault 12 toute en dentelle de rouille. Soudain ! …. CHHHHHH….GOLCGLOCGLOC…. Ah non ! Encore à plat ! Jean-Paul change pour la niéme cette roue pourtant fraichement réparée ! Le vieux Maure en R12 de dentelle nous double en Riant de toutes ses dents… Manquantes ! C’est de bonne guerre l’Ami !


L’ami d’Ali nous attend en bord de route. On lui remet le carton de légumes sans rien dire. Sa mine s’allonge…S’allonge … jusqu’à ce qu’on lui dise de regarder sous les légumes ! Là …Heureusement qu’il a des oreilles pour arrêter son immense sourire édenté ! Il veut nous inviter. Hélas notre temps de voyage est contraint car nous avons des rendez-vous, pour une fois, à date fixe. Nous prenons congés gentiment et repartons sur Nouakchott.
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Nouahdibou
Car avant de rentrer au Sénégal, nous cherchons à contracter l’assurance à Nouakchott. Des amis à nous l’ont fait : ceci évite bien des tracasseries à la frontière. Hélas ! Nous ne disposons pas de l’adresse exacte du cabinet ; nous avons donc demandé à Sidi Barri, notre hôte à l’Auberge Sahara, de se renseigner. Patience…Mais pendant ce temps, Sidi Barri emmène nos passeports à la DST pour les formalités.
Sur ses conseils, nous nous présentons dans une agence et là…Econduits !?!? Nous sommes purement et simplement éconduits !!! Retour à l’Auberge Sahara…Rira bien qui rira le dernier !

çà y est !!!! Après l’intervention de notre aubergiste auprès du directeur de AGM (Assurances Générales du Mali), Himself, nous sautons dans un taxi au lieu de déjeuner afin de souscrire le précieux sésame avant fermeture de la comptabilité à 14 H. L’assureur avait juste un grosse flemme ce matin !…Et nous, pas envie de verser un backchich!
Subtilité et stupidité de l’affaire, expliquée et commentée par le directeur en personne : « c’est marqué sur l’attestation valable aussi au Mali, mais en fait c’est la généralité. La réalité c’est que nous avons une convention avec le Sénégal. La carte brune doit être renouvelée pour le Mali dans nos bureaux de Dakar »! Ben voyons !
Nos passeports sont enfin revenus de la DST vers 17H (on commençait à flipper!) avec le gros cachet rouge faisant foi !

Nous avons échangé longuement sur la situation avec Kania qui a monté l’Auberge Sahara où nous logeons. Elle connait une telle perte de son chiffre d’affaire qu’elle pense vendre ! Les touristes ne viennent plus !
Nous souhaitons partir tôt le lendemain mais sommes obligés d’attendre l’arrivée d’un groupe de véhicules pour être positionné sur le parking clos en pôle position. On a attendu 3 heures : ils sont arrivés à 22H et nous n’avions pas encore mangé. Pas un mot d’excuse de leur part : goujats ! On les a sermonné en anglais : marche pas ! Et en plus, pas moyen qu’ils se bougent pour ranger leurs épaves de bagnoles ! Jean-Paul est en mode « tête de cochon », Kania, notre hôtesse, n’en peut plus. Tout finit par rentrer dans l’ordre et nous reprenons notre place sur le parking, bien au fond. Mais pourquoi tout ce cirque si c’est pour se mettre sur la même place …Soit disant, cette troupe démarre à 4H demain matin et nous à 8 H…Patience…
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Nouakchott. St Louis du Sénégal. 31 décembre 2010
Lever 6H et…Alors là ! …J’vais les sortir du lit les gaillards !!! Les voitures sont encore toutes là ! Ils ont du m’entendre : la troupe partira à 7 h et nous à 7H35.
La route est extrêmement défoncée jusqu’à la banlieue de Rosso où nous devons bifurquer sur la piste du barrage. Il nous faudra bien 3 heures pour couvrir ce tronçon de quelques 200KM. D’après nos infos de la veille, la piste est facile sauf un tout petit peu de tôle ondulée à la fin. La dernière fois, 1H30 avait été nécessaire pour couvrir ces 90 Km et nous avions gardé le souvenir d’une piste roulante à travers un beau paysage de roselières, étangs, parmi les oiseaux.

Arrivée dans la nasse de Rosso…Nasse car repaire de voleurs, bandits, arnaqueurs de toutes sortes !!! Le bazar commence.
Le GPS de randonnée indique que nous venons de dépasser le départ de la piste. Jean-Paul stoppe. Nous scrutons: plus de panneaux. La racaille s’attroupe vers nous. Je hèle un gendarme qui « plantonnait » sous un arbre. La piste est bien là où nous sommes mais il veut à tout crin nous envoyer sur le bac et…L’autre nasse des escrocs ! On prétexte un RDV au campement de Keur Macène sur la piste. Le gendarme nous souhaite bonne chance. Ah bon ?! Pourquoi ?! Un type veut me vendre un guide, l’assurance…Un autre nous faciliter le passage du bac..
Non ! On ne veut pas : non discutable et non négociable !
Jean-Paul enclenche la 1ère et c’est parti…Pas tout à fait ! 800 mètres plus loin…la police nous arrête ! Et veut nous envoyer au bac ! Refus ! Le policier réclame un médicament contre le rhume ; je lui tends une boite de doliprane. Une seule ? Oui, c’est très puissant comme médecine ! Alors bonne chance pour la piste. Tiens… çà fait deux fois !!?? Ils ont une participation pour nous envoyer au bac ? Et pourquoi à nouveau « bonne chance » ????

La piste démarre bien gentiment, bien tracée, pas trop poussiéreuse, le GPS de rando nous guide. Fastoche : il faut suivre la digue, qu’on voit bien sur le GPS, en montant ou descendant sur la route de relevée, exactement comme les autres véhiculés. Quand …au bout d’à peine 2Km, çà se gâte !
Le trafic est dense : énormes bâchés à fond de leurs moteurs rugissants, camionnettes roulant « en crabe », vélos, charrettes… le tout disparaissant dans un brouillard de sable hyper dense. Là, on comprend le 1er souhait de bonne chance.
Gaulois jusqu’au bout, on persiste mais…soudain…la piste se divise en une multitude de traces !!! On va où ? Observons… Ah ! Çà y est ! La piste principale est un peu plus tracée ! A peine…Laissons retomber un peu la poussière… Jean-Paul pilote bien et nos pneus contact font merveille dans le sable car…sur des KM…la piste n’est que sable mou ! Nous pensons tous les deux à l’enlisement…Concentrons nous ! Pour le moment, on roule…

Les conducteurs des grands bâchés , les passagers des mini bus nous acclament : on aura surement un coup de main au besoin. C’est rassurant… Quand, vers 13 H, le trafic stoppe tout à fait. Génial ! La visibilité s’améliore ! Oui mais… interdiction de se tromper de piste : il convient de flairer le sable traitreusement devenu mou ! Nous avançons prudemment, parfois nous arrêtons pour définir la meilleure piste, voire même descendons pour scruter le terrain. Les aérations du camping-car sont toutes hyper occultées, les vitres fermées, la clim en route : on ne devrait pas embarquer trop de poussière…
Cependant, à travers la magnifique réserve du Diawling, nous réalisons soudain que plus personne ne nous double ou nous croise…Anxiété…
Mais pour le moment, tout va bien. On risque l’enlisement fréquemment; çà passe limite, limite. Les pélicans, martin pêcheurs, aigrettes, ibis noir à bec rouge, aigrettes, hérons et balbuzars se moquent de nous ! Les zébus hochent la tête…Jean-Paul a furieusement envie de rouler sur la piste de terre que nous longeons. Je tiens bon pour le sable : la terre est trop proche des étangs, elle est craquelée sur les bords, nous pesons plus de 3 tonnes…A mon sens, plantage assuré et on restera là au moins 48H avant le prochain passage d’un véhicule : c’est réveillon !

Nous passons les divers péages…Ben oui ! On paie pour rouler sur une piste défoncée figurez vous ! Foutage de gueule oui !!!! Finalement, le sable s’arrête au profit…de la pire tôle ondulée qu’il puisse être donner de connaître ! Des stries profondes, sur du gravier, hyper cassante : on regrette le sable ! Notre vitesse de pointe descend à 15Km/H grand maximum…15 km seront parcourus dans ces conditions ! La galère totale !!!
Enfin, au bout de 4 longues heures, au bout de ces 90 Kms éprouvants : la douane de Diama est en vue !

Au bout de nos peines ? Non ! Il faut payer une taxe à la commune, une autre au fainéant (celui qui roupille sur sa chaise là dans la cahute) qui doit ouvrir une méchante barrière, une autre au préposé aux coups de tampons sur les passeports…Personne ne nous dit mot, seuls les regards en disent long mais…nous ne décodons pas … le 2eme souhait de bonne chance !
Nous voici à la douane sénégalaise. Là c’est réputé chaud et terrible !!!…Crevés comme on est, nous avons intérêt à rester hyper calmes. Nous décidons de faire les formalités à 2, bien que seul le conducteur soit autorisé à faire les démarches.
Police : le carnet ATA est bien visible dans ma main, protégé sous plastique…Le policier écrit, nous parle gentiment…On est sur nos gardes : çà cache quoi ?
« C’est très bien ! Allez à la douane. » « Attendez…vous avez tout bien tamponné ? On ne doit rien ? » Incrédulité de notre part…Sourire de sa part : « non, c’est parfait. Bon séjour ». D’habitude c’est 10€ la police !? …N’insistons pas ; filons à la douane en face…
Là…Autre numéro : tapis rouge pour nous !?! C’est quoi ce cirque ?!?! Tapis rouge et même …Compliments ! Ouille : ils vont nous soutirer combien ??? Nous sommes cités en exemple à des imprudents qui n’avaient pas de carnet ATA . Et sans le carnet, impossibilité de rentrer au Sénégal et retour en Mauritanie par la piste ! On nous fait passer avant tout le monde…Re-méfiance…Le douanier veut voir nos bagages. Ah, je me disais aussi ! Fouille du camping-car ? Même pas ! Il monte très précautionneusement à bord, n’ouvre rien et constate que nous n’avons pas de bagage. Là : on ne décrypte plus ! Pas de bagages ?!.. Mais nos placards sont pleins ! Oui, mais pas de bagage en vue alors pas de bagage. (au passage, relisez le mon coup de gueule d’avant le départ : « tout ce qui est hors des placards est de trop ! »). Gentiment, il nous fait minutieusement le passavent de 48 H pour aller à la douane de Dakar dès lundi pour validation définitive du carnet. Il nous explique plusieurs fois, comme à des enfants, et nous demande seulement 2500 FCFA avec reçu. Quoi ? Pas de marchange ? De demande d’encouragement ?
Les deux douanes sont franchies en à peine 30 minutes ! …Un record !?!?
Ce n’est que quand le douanier nous dira : « allez tranquillement à St Louis vous reposer » que nous réaliserons l’état de fatigue et de crasse qui est le nôtre : on fait peine c’est clair ! On doit être minables…
D’ailleurs, aux 3 barrages suivant, aucune demande de backchich !

A St Louis, Raymond nous accueille à bras ouvert dans son camping : depuis le temps qu’il n’a plus de camping-cars ! Il nous indique le tuyaux d’eau, les douches. Nous mettrons une bonne heure à sortir les 3 KG de sable embarqués dans le camping-car !!! L’extérieur attendra le lendemain. La douche nous remet sur pied et une bière poussera le sable encore dans nos gosiers. Raymond nous félicitera d’être resté sur le sable : la piste de terre c’est l’enlisement assuré ! Seule la croute superficielle est dure ! J’avais raison d’être têtue !
Mémorable réveillon ! Nous offrons à Raymond 2 tranches de foie gras sur canapé, deux tartines de tapenade et des papillotes; il nous offre deux tranches d’agneau (beurk en ce qui me concerne!)
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St Louis du Sénégal. 1er janvier 2011
Grasse matinée jusqu’à… 8H ! Les mosquées hurlent en boucle depuis 4H du mat’ ! Ils sont fous ! L’après-midi s’étirera en ballades dans St Louis, ancienne ville coloniale.



Nous devons remettre un cadeau au maire de la part du maire de Lyon 4° mais le gardien refuse de se lever de sa couchette et de prendre le colis. Je ferais un mail d’explications et Raymond acheminera le colis. Sûre que le gardien a eu sa promo ! Dans le quartier des pêcheurs, le poisson est déchargé à dos d’homme. Ces derniers avancent jusqu’aux barques de l’eau jusqu’à la taille et portent les paniers de poissons sur la tête. A peine croyable!!!


Nous avons le plaisir d’échanger avec les jeunes peintres de pinasses et ils nous laissent à loisir admirer leur travail.

St Louis est la plus ancienne ville édifiée par les colonisateurs français En Afrique de l’Ouest. Son nom lui a été donné en l’honneur du roi de France Louis IX. Etape célèbre des navires européens de la traite des Noirs, puis de l’aéropostale de Mermoz ou St Exupéry, St Louis conserve d’important témoignage de son passé. Elle est symbole de l’élégance et du raffinement au Sénégal. Pierre Loti a habité St Louis. Plusieurs quartiers conservent de très belles maisons coloniales dont celles des Signares, ces femmes issues de l’union d’un européen en poste au Sénégal avec une africaine, « à la mode du pays ».



Le pont Faidherbe (1865) a été conçu par Gustave Eiffel.

Au nord de la ville, quai Roume, l’immense grue à vapeur de 20 tonnes était utilisée pour décharger le matériel nécessaire à la construction du chemin de fer malien entre Kayes et Bamako. Elle a été assemblée en 1883 par deux militaires qui ont gravé leurs noms sur l’un des flancs.

Un client de Raymond nous alerte. Sur le passavent, il est indiqué 48H, mieux vaut donc rallier Dakar dans ce délai et ne pas attendre lundi : un flic ripoux pourrait verbaliser bien que le douanier ait affirmé que le dimanche étant non travaillé, il ne comptait pas dans le délai !
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Dakar. 2 janvier 2011
Tristement nous quittons Raymond qui, hier, nous a offert un poisson de sa pêche, pour rejoindre une auberge-camping au lac rose vers Dakar, l’idée étant de laisser le camping-car à l’auberge, prendre un taxi pour rejoindre les douanes et obtenir le précieux tampon.
Dès Thiès, la circulation est indescriptible. Le code de la route à la sénégalaise c’est quelque chose !!! Chacun fait ce qu’il veut. La loi du plus fort prévaut …Ou plutôt du plus inconscient !
Nous décidons de stopper dans une auberge camping à Rusfique. Hélas, plus de possibilité de camper. La patronne nous envoie vers un camping à Mbao…Que nous ne trouverons jamais. De guerre lasse, nous cherchons des infos sur une hypothétique halte gardée vers Dakar. Le directeur d’un complexe touristique accepte de nous garder 2 nuits sur son parking clos contre 3000FCFA (4,60€) la nuit. Il nous propose même un taxi pour demain.


Repos donc pour attaquer de pied ferme la redoutable douane sénégalaise et son lot de « déplumeurs » …

Dakar. Ile de Gorée. 3 janvier 2011
Au royaume des « déplumeurs », nous sommes des Rois !!!
Dès 9 heures, nous nous élançons à l’assaut des terribles douaniers du Môle 2 à Dakar. Le carnet ATA est bien protégé sous pochette plastique (le respect des documents çà en jette toujours !) et sur le dossier, en écriture très lisible et très visible, figurent le nom et les coordonnées du Colonel DIOUF, ponte des douanes sénégalaises. Ne me demandez pas comment on s’est procuré ce plan : Secret Défense !
Aplomb, tête haute, démarche énergique, détermination, on fonce dans le bâtiment en négligeant le pauvre planton qui tente de nous héler et les rabatteurs. Ils sont quantité négligeable et nous : les Officiels…Vu comme çà…
Sans ralentir notre pas de charge, nous gravissons l’escalier face à nous. Un « galonné » surgit et n’a que le temps de jeter « ATA 2ème », que nous enfilons déjà la deuxième volée de marches. Rien n’arrête notre progression fulgurante…Même si, deux secondes plus tôt, nous n’avions pas la moindre idée de notre destination !
Palier du 2ème : on « enquille » le couloir de gauche (celui qui paraît le plus large) et là…STOP !!!
Bureau des archives…?!…
Des dossiers s’empilent sur palettes du sol au plafond mais…Il y a un coude sur la droite : on charge quand…Soudain…La porte d’un bureau s’ouvre et un civil bien mis apparaît, sourire aux lèvres…Mauvais plan ? …
« C’est pour votre carnet ATA ? Par ici, je vous prie » On s’assied…Méfiance…Présentation…Et on lui remet le carnet, nos passeports, la carte grise, le passavent qu’obligeamment il photocopie. Mais ils sont où les « enragés ripoux » ? On venait en découdre…Comprends plus… On patiente…
Au bout d’un quart d’heure, le civil nous entraine dans un bureau où trône un énorme cerbère en galons, air rogue et trogne renfrognée. Ah ! Je savais bien : il était planqué ! Il attendait son heure ! Le civil nous montre une pochette jaune pleine de cases : le dossier est là sur le bureau du secrétaire du Chef de Bureau. Ah bon ! Le cerbère est sous-fifre donc !…Le Chef fait ses mondanités pendant ce temps….Nouveau quart d’heure…
Le civil revient la précieuse pochette en main. Il faut aller au rez de chaussée, bureau du secrétaire du Chef aux Ecritures (c’est écrit sur la porte !)…Nouvelle attente….Bureau du secrétaire, ensuite bureau du Chef aux écritures, le civil promène notre carnet et évite son engloutissement.
Il m’intrigue ce gars… Parfois, comme une crainte passe dans son regard quand j’évoque le Colonel Diouf. On finit par le démasquer : il ne travaille pas à la douane mais il aide la douane. En clair : transactionnaire…En encore plus clair : ne bosse pas à l’oeil mais à ses 2 yeux qu’il estime fort cher !…Alors là, mon p’tit, tu vas me voir à l’oeuvre, foi de Tita !!!
Le civil ressort avec la pochette jaune et nous entraine dans un cinquième bureau : celui de la Douane ! Les coordonnées de Diouf sont toujours bien en vue. Le douanier est sympa, s’inquiète de nous, de la route, inspecte nos documents (Dis JP : à combien il nous évalue ?). On répond fermement, avec correction. J’évoque l’ami commun avec le Colonel Diouf d’un ton badin et lui demande de transmettre les civilités du dit ami… Le tampon claque sur le dossier, Jean-Paul est invité à signer…J’attends la douloureuse : sur les forums, 80 000FCFA (122€) comme 20 000 (30,50€), ont déjà été évoqués. A Diama, le douanier nous avait informé qu’une fois la taxe de passavent payée, on ne devait plus rien. On attend…Sourires de part et d’autre…Puis le douanier nous souhaite bonne année, bon séjour. Quoi ? Rien à payer ? Non !
Nous voici dans le couloir et…C’est là que la partie se joue vraiment !
Le civil tient mollement le carnet et ignore que nous l’avons démasqué. Avant qu’il ne batte un cil, rapide comme l’éclair, je lui chipe le carnet à la volée…Il est scotché ! Cette fois, nous détenons la position dominante. Il tente un coup… « J’ai travaillé pour vous.. » « Oui, merci c’est gentil ! Mais une transaction se discute avant ! Et comme tu n’as pas dit ton prix, et que nous savions où aller… » « On travaille gracieusement à « votre bon coeur ». « Tu as bossé 1H30, bon travail d’ailleurs… C’est le jour des étrennes…Voyons…J’ai peu d’argent car je dois aller à la banque…Tiens, je te paie 4000 FCFA (6,10€) » Il aperçoit mon porte-monnaie vide, fait la tête… « Mais l’ami fallait discuter avant, moi je ne t’ai rien demandé donc c’est à prendre ou à laisser »…Cruelle, je retourne le couteau dans sa plaie…Il a pris ! Et on a bien ri de notre coup de bluff !
Ile de Gorée :
A quelques encablures de Dakar, l’Ile de Gorée charme nos regards depuis le pont de la chaloupe : ciel d’azur pur, maisons ocres fleuries de bougainvillées de toutes couleurs, palmiers verts…Tout paraît enchanteur…
L’ile s’étire sur 900 m de long et 300 de large. Ses ruelles ombragées serpentent entre les maisons coloniales au charme désuet. Il fait bon flâner le long des boutiques d’artisanat.

Tout n’est qu’illusion ! Gorée est…Décrépie, délabrée malgré son classement au patrimoine de l’Unesco. A part une ou deux maisons très entretenues, la ruine frappe toutes les habitations. Même, les magnifiques bougainvillées ne réussissent plus à la masquer ! De riches Dakarois établissent sur Gorée leur résidence secondaire…Mais ce qui manque cruellement est l’énergie des habitants à restaurer leur patrimoine. Ces derniers passent hélas plus de temps à « agripper » le touriste pour lui vendre les inévitables horreurs made in Tawaïn, présentées comme artisanat typique. Seule l’échoppe d’un artiste peintre très connu nous arrêtera un instant !


Pourtant, Gorée, découverte en 1444 par les Portugais, était un port naturel idéal et facile à défendre. Escale commerciale d’importance, elle a représenté un enjeu stratégique majeure pour les puissances européennes. Gorée vient du nom hollandais « Goede Reede » qui signifie « Bonne rade ». Jusqu’au XIX siècle, les signares (femmes métisses à la peau claire et maitresses des colonialistes) lui assurent un commerce florissant : arachides, peaux, gomme, or et «or noir ». La maison des esclaves et sa statue sont là pour rappeler le sinistre passé de Gorée. L’île représentera à jamais le symbole mondial de la traite négrière.


Le taxi nous ramène sur les parking de l’auberge de Rufisque à travers les gigantesques embouteillages de Dakar et sa circulation démentielle ; aucune signalétique, aucun sens interdit ni nom de rue dans cette capitale ! La Maréchaussée veille à l’affût de la moindre erreur….Soudain…PSCCCHHHIIITTTTT…


Le taxi crève ! çà nous poursuit !!! Le conducteur nous a laissé pendant une grosse demie-heure la garde de son véhicule, le temps pour lui d’opérer une réparation…qui ne tiendra pas ! Décidément !
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