26 juin 2016.
À 9h, le thermomètre indique déjà 31,5° !
Nous quittons la route principale pour visiter les églises en bois des villages du Maramurès historique. Ici, le peuple a farouchement conservé son identité culturelle et ses traditions.
Le Maramurès est une région rurale aux vallées vertes et généreuses et aux forêts profondes. Nous croiserons beaucoup de charrettes attelées. Les paysans effectuent les travaux des champs de façon manuelle. Les portails sont magnifiques en bois sculptés.
Devant certaines maisons se dressent des arbres à casseroles ! De quoi s’agit-il ? S’il y a une fille à marier dans la maison, ses parents accrochent des casseroles en fer blanc, des pots en céramique aux branches d’un arbre proche du portail et dépourvu de feuilles bien sûr !
Le Maramurès est la région des fées ! Bonnes ou mauvaises ! De mystérieuses femmes pourvues d’une queue de vache volent le lait de certaines vaches pour le donner à d’autres. Le varcolac est un être mi-homme mi-loup qui, les nuits de pleine lune, attaque les gens, y compris sa propre famille.
Desesti est une petit village. Son église en bois, perchée sur la colline, a été construite en 1770. Les peintures intérieures ont été réalisées sur une toile de lin, en 1780, par Radu Munteanu et Gheorge Zugravul. Elles représentent la vie du christ dans un style naïf et populaire ainsi qu’une croustillante représentation de Sodome et Gommorrhe.
Qui dit tradition, dit jupe longue pour les femmes, bras et tête couverts avant de pénétrer dans l’église ! Avec les 39° extérieurs, je me voyais mal aussi couverte ! Alors, j’ai adapté la coutume en bonne française. Ma robe est suffisamment longue mais mes épaules et mes bras sont nus …Ma fouta d’abord enroulée autour de mes épaules pour accéder à l’église fera l’affaire et me drapera de la tête à la taille !!!
De retour au camping-car, une Grand-mère engage la conversation en français. Elle est heureuse de nous voir, de voir des touristes français. Nous échangeons tranquillement dans un moment d’émotion partagé et elle nous donne sa bénédiction pour la suite de notre périple !
Album photos. Desesti. Cliquez ci-dessous :
Nous ne réussirons pas à trouver Budesti malgré notre obstination. Les indications routières manquent et personne n’est là pour nous renseigner tant la chaleur est importante !
Toujours à travers la campagne, nous rejoignons Sapanta. La première visite est consacrée au monastère orthodoxe en cours de construction, laquelle a débuté en 1997. Il est situé juste à l’entrée de Sapanta. La flèche du clocher est vertigineuse, magnifiquement élancée. Elle culmine à 75 mètres. La croix du sommet mesure 7 mètres de haut, pèse 430 kg dont 4,3 d’or. Nous accédons partout et admirons le travail des charpentiers, comme par exemple cet escalier taillé à même un tronc de chêne !
Dans la chapelle du sous-sol, une religieuse me rappelle à l’ordre : « no foto ! » excédée par la chaleur, par l’obligation de me couvrir, je désobéis ! Na ! D’ailleurs, elle a maille à partir avec des jeunes filles qui débarquent en micro-short et mini-jupes. Les voici obligées de s’enrouler dans des sortes de jupes porte-feuilles noires et à la longueur réglementaire !
Nous poursuivons en direction du centre-ville pour rejoindre le cimetière joyeux. Nous payons un droit d’entrée et le ticket se matérialise sous la forme d’une…Carte postale ! Le cimetière est une forêt de croix d’un bleu éclatant. Elles sont en bois et ont été sculptées par Ion San Patras, puis ses apprentis. Depuis 1935, chaque défunt du village a droit à sa croix qui, au resto, retrace une caractéristique avouable du défunt accompagnée d’un poème de quelques vers et au verso , le côté sombre du défunt. Ainsi la croix du boucher : au resto , il est à son étal, au verso, il est ivre mort ! Autre exemple : la paysanne traie sa vache au recto et se révèle de petite vertu, entourés d’hommes aux mains baladeuses au verso. Franchement, nous avons beaucoup ri dans ce cimetière !!
L’église est là aussi en cours de construction ! Les mosaïques extérieures et le toit sont éclatants de couleurs et de réalisme.
Souhaitant acheter les étoles de coton blanc brodées qui ornent les murs de maisons, nous déambulons dans les échoppes…Pour enfin découvrir de l’artisanat qui nous semble authentique. En tout cas, la vendeuse, elle, l’est…Sa production est présentée sur une barrière de parc le long de la route et prend la poussière du chemin…Nous engageons la conversation …Elle parle italien ! Moi aussi ! Et là…çà n’en finit plus ! Elle nous explique que ces bandes de coton brodées sont tissées dans les fermes l’hiver et brodées par les femmes. Tout se lave en machine à laver…Là, je n’oserais pas quand même. Ces écharpes servent à tout décoré en utilisant divers drapés : le tour de la fenêtre, l’encadrement de la porte, le mur, le dessus de la table et bien sûr : la croix de bois devant la maison ! Nous avons fait affaire tant cette commerçante avait à cœur de nous expliquer le travail de broderie et les coutumes.
Nous faisons étape au camping de Sapanta, dans un cadre buccolique, le long de la rivière. Nous disposons d’une sorte de petite cabane ouverte. Alors, nous n’hésitons pas à nous installer : Jean-Paul à la lecture et moi à la rédaction des billets du blog. Des vaches nonchalantes, de retour à l’étable, viennent nous rendre visite et brouter l’herbe du camping, sans doute bien meilleure que celle du pré ! Et soudain, le soleil disparaît…L’orage éclate ! Un déluge de pluie noie le camping, la rivière gonfle….
Album photos Sapanta. Cliquez ci-dessous :