Après la traversée d’une forêt d’eucalyptus impressionnants par leur hauteur et leur taille, nous nous installons au camp municipal de Braga. Un brin vétuste, ce camping est proche de la ville historique et l’accueil est sympathique.
En guise de réveil matin, le champ des tourterelles…C’est mieux que le parking de Viana !
Fondée par la tribu des Celtes des Bràcaros, la ville sera la capitale de la Galice à l’époque romaine. Encore aujourd’hui, elle fête, pendant une semaine, la Braga Romana. Chacun se déguise en romain et des échoppes s’installent dans les rues piétonnes.
Les Suèves s’emparent de Braga au V° siècle et en font le cœur du royaume des Wisigoths. Braga sera ensuite occupée par les Musulmans puis redeviendra chrétienne en 1040. Henri de Bourgogne lui redonne alors son rang de capitale du christianisme et fait bâtir la Sé, autrement dit la cathédrale. Les archevêques gouvernent la ville depuis le palais épiscopal. Au XVI° siècle, l’archevêque Diego de Sousa décide d’embellir la ville et créée des places avec des fontaines, des hôpitaux, transforme les églises et les palais. Enfin, au XVIII° siècle, André Soares, architecte de renom, achève l’embellissement de Braga…Enfin…Avec son style bien particulier : la rocaille ! Pas sûr que nous ayons les mêmes goûts !
De bon matin, nous prenons le bus puis le funiculaire pour rejoindre la via sacra et l’igreja (l’église) de Bom Jesus. A mi-course, au moment du croisement des cabines, le funiculaire stoppe brutalement !…Allons bon : une panne ?…çà tient bien ?…Il y a quoi comme sécurité ?…En fait, le conducteur de notre cabine discute tranquillement avec celui de l’autre…Notre panne est…Un besoin impérieux de commenter je ne sais quoi avec le collègue !!! Et le papotage dure…5 bonnes minutes !
Sur l’esplanade, nous découvrons une grotte de la dévotion style rocaille (!!!), l’église, présentée comme la réalisation la plus extravagante du baroque portugais, et un gigantesque escalier à double rampe, orné de statues et de fontaines. Présenté comme le grimpe-vers-dieu les plus exubérant du Portugal, il a été construit en 1723, en 88 ans et compte 600 marches.
Tiens…une balance ! Précise, elle indique, pour les hommes comme pour les femmes, le poids idéal en fonction de la taille et de la tranche d’âge. Bien vu !…sauf qu’elle ne sert pas uniquement à se peser ! Elle va de paire avec la montée des marches de l’escalier ! L’ascension de ce dernier est ponctué de stations, comme un chemin de croix. Le pèlerin monte, à genoux, d’abord l’escalier des cinq sens, où il fait le vœu de renoncer aux plaisirs terrestres. Sur la première volée, se trouve la fontaine de la vue, sur la seconde, celle de l’ouie avec la statue du roi David, sur la troisième, la fontaine de l’odorat avec les statues de Noé et Sulamite, sur la quatrième, la fontaine du goût et sur la cinquième, la fontaine du toucher, avec les statues de Salomon et Isaac.
Ensuite, le pèlerin prend, toujours à genoux, l’escalier des trois-vertus qui l’incite à acquérir les vertus théologiales : foi, espérance, charité.
Au terme du trajet, toujours à genoux, le pèlerin achète son pesant de cierges, d’où la balance anti-triche, et ensuite seulement pénètre dans l’église néo-classique.
Faut être convaincu ! D’autant que les pavés qui recouvrent les marches d’escalier et l’esplanade sont pointus à souhait !!!
Nous nous sommes contenté de descendre l’escalier…évidemment sur nos…Pieds !
Une curieuse maison couverte de moucharabiehs attire notre attention : la casa dos crivos. Construite au XVII-XVIII°, elle est typique des maisons qui rappellent l’Afrique du Nord. Les jalousies étaient imposées par une mentalité religieuse stricte : les femmes pouvaient regarder la rue mais…sans être vues ! Comme quoi !
De l’Igreja Santa Cruz au Palacio do Raio, en passant par l’Igreja do Populo et l’antigo paço episcopal et son jardin, nous atteignons la Sé ! Hérissée de pinacles à l’extérieur, elle est austère à l’intérieur, si ce n’est l’orgue double aux tuyaux « en chamade ». Sa charpente est bien visible. Par endroit, un plafond peint recouvre les poutres, notamment sous l’orgue et dans le cœur. Attention : photo interdite !!! Un cerbère monte la garde..Et il n’est pas commode !…Du coup, avec un plaisir évident et non dissimulé…Nous avons pris 3 photos !!!
Nos premières impressions : beaucoup d’églises de style baroque rococo, des statuts de saints présentant toutes les mimiques de la douleur, de beaux bâtiments et des immeubles dans un état de délabrement avancé…La gentillesse des portugais qui trouvent toujours un mot de français pour nous renseigner.
Ces impressions se confirmeront-elles au fil des jours ?
La rencontre de Braga : François !
François est arrivé sur son vélo tractant une remorque. Il était accompagné d’une femme plus jeune que lui, elle aussi en vélo. François est âgé de…78 ans ! A la suite de deux AVC, il a enfourché le vélo et depuis parcours les route seul ou en compagnie de cyclistes rencontrés lors de ses périples. Sa remorque pèse 60 kg. Il vient de pédaler pendant plus de 5 000km ! Nous avons discuté un bon moment dans la bonne humeur. Rendez-vous est pris pour le festival des aventuriers de Tonnay-Charente mi octobre ! François est en effet « voisin » : il habite Royan. Et pour fêter notre rencontre, j’apporte le champagne ! Bonne route François !
Demain : monastère de Tibaés et Guimaraés.
Album photos. Braga. Cliquez ci-dessous :