Nous quittons à regrets la halte paisible de Marvao pour rejoindre Guarda. Nous roulons à travers des pâturages occupés par des blocs de granits de ci de là ; ils nous font penser à des baleines échouées dans des champs de céréales. La N18 après Nisa n’est qu’une suite de virages rapprochés et serrés. Çà tangue pas mal dans le camping-car. Après Castel Branco, la route « tape » beaucoup. C’est l’un des rares tronçons de notre périple qui sera aussi délabré.
Nous empruntons ensuite la N 233 à travers la Vale de Santa Pao et aurons la chance de voir une scène authentique : une charrette attelée d’un âne, remplie de salades et de carottes juste tirées du potager, le tout piloté par un couple tout aussi typique. Rien ne manque : ni les pompons de l’âne, ni le chapeau sur la tête de l’homme, le fichu pour la femme et les inévitables chaussettes. Hélas, impossible de s’arrêter pour un cliché tant la route est étroite !
Nous remarquons que les potagers sont installés sous les oliviers, signe que le soleil tape dur dans la région !
Nous voici à Guarda. La première aire de stationnement est trop loin de la ville. Nous cherchons en vain la seconde et finissons par opter pour une place de stationnement pour voiture sous la ville haute.
Guarda : la gardienne ! Perchée à 1000 mètres d’altitude, elle est la ville la plus haute du Portugal. Le visage du centre ancien est rude, noir à cause de la pierre locale, un granit brun. Elle symbolise des hivers rigoureux et de la résistance sans relâche à l’envahisseur espagnol. D’ailleurs, si vous faites le tour de la cathédrale en levant les yeux, vous découvrirez vers une échelle de secours, une superbe paire de fesses, au trou largement ouvert et tourné vers l’Espagne en signe de dédain !
Ici aussi la gentillesse est de mise : de la passante nous entrainant vers la cathédrale à travers les ruelles, au quincailler qui nous explique le mode d’emploi des casseroles typiques au tailleur de pierres qui nous captive par le récit de son dur labeur et de la décadence du Portugal. Emus, nous lui achèterons une pierre sculptée contre une photo. Dans mon petit sac à dos, elle vaudra son pesant de…granit !!!
Album photos. Guarda. Cliquez ci-dessous :
Nous rallions Bragança pour l’étape nocturne. L’aire de stationnement est surprenante , toute en terrasses, sous les remparts : une belle étape ! Compte-tenu de l’heure, nous remettons la visite au lendemain.
Bien nous en a pris car la lumière matinale est belle ! La vieille ville, ou citadelle, est ombragée de grands arbres et close de murailles. Nous découvrons un vieux village aux maisons blanches encore habitées, un étonnant pilori dont le fût représente grossièrement un sanglier. Bien sûr ici aussi le donjon du château a abrité une princesse prisonnière qui se morfondait derrière les moucharrabiehs de sa fenêtre dans l’attente du retour de son prince, éloigné par le Père intransigeant qui le trouvait indigne de sa chère fille.
Il y a plus passionnant à nos yeux ! Nous investissons le domus ! Ce dernier est l’unique hôtel de ville dans ce genre du Portugal. Il est bien caché derrière l’église et son entrée encore plus dissimulée puisqu’elle se trouve dans l’étroit espace qui sépare le domus et l’église. Le domus est de style roman et témoigne de la puissance passée des franchises communales. Cette grande salle ouverte à tous les vents abritait le conseil municipal. Les marchands venaient ici s’acquitter des taxes diverses. D’étranges figures ornent le haut des murs. Le style est plutôt celui d’une halle… Pourquoi l’avoir installé au premier étage d’ailleurs ??? Tout simplement parce que le rez-de-chaussée abrite une immense citerne d’eau potable. Lors des conflits avec l’Espagne, elle a permis aux habitants de résister à l’envahisseur !
Impossible aussi de résister au musée des masques ! Il y en a de tout type : en osier, en paille tressée, en bois, en peau tannée, en papier, en fer…Avec bien sûr, les costumes en harmonie et tout ce qui permet de piquer les fesses ou pincer les entrejambes masculines. Chaque année, le carnaval de Bragance est réputé pour la qualité des déguisements, l’intensité de la fête et les facéties des carnavaliers ! Derrière le masque tout est permis !
L’église Santa Maria est enfin ouverte…Avec une heure de retard ! Elle abrite un magnifique plafond en bois polychrome, peint en trompe l’oeil et un autel au summum du baroque. Il convient de glisser 1 euro pour déclencher l’éclairage et…De patienter ! L’éclairage est d’abord verdâtre…Beurk …Puis les lampes gagnent en intensité, livrant alors toute la magnificence des peintures aux visiteurs. Près de la porte d’entrée se cache un escalier dérobé qui conduit au balcon de la nef. Nous l’avons emprunté sans hésiter pour être encore plus prés du magnifique plafond afin de profiter de sa splendeur.
On rentre à Lyon par où ??? Hier soir, Jean-Paul envisageait de rejoindre Lyon via Toulouse ; ce matin, il opte pour Pau. Ors, nous sommes attendus vers Montpellier…Regardez donc une carte…A mon sens, se diriger sur Perpignan est plus pertinent. Nous devrons faire au moins une étape en Espagne. Le GPS est réglé sur le camping de Zaragossa. J’attends que la réflexion murisse et se décante…Nous avons subi une véritable « grêle » d’insectes au milieu de l’Espagne qui a duré plus d’une demi-heure…C’était bien la peine de vouloir un véhicule propre !!!
Finalement, l’itinéraire sera Bragançà, Zaragossa, La Jonquiera, Perpignan, Collioure, Roujan (34. merci à Béatrice et Gérard pour leur accueil), Dieulefit puis Lyon.
Album photos. Bragançà. Cliquez ci-dessous :