20 décembre 2010. Ciel voilé . 24,5°
Lever à 6h pour être au consulat de Mauritanie à 9 H, nous trouvons grille close au camping ! Çà commence bien ! Un gardien finit par nous ouvrir. Rabat est comme toutes les grandes villes : asphyxiée par des embouteillages monstrueux aux heures de pointe ! La circulation est complètement empirique ! Les véhicules se croisent et s’entre-croisent avec les 2 roues. La vigilance est de mise à chaque tour de roue.
Le GPS routier est censé fonctionner en traceur ; il pointe le cap et navigue selon les waypoints que je lui ai rentrés. Encore faut-il trouver le bon écran ! Plusieurs tripatouillages seront nécessaires. Nous arrivons, enfin, devant l’ambassade de Mauritanie ! La porte du « bureau » s’ouvre. Une bousculade monstre cause le courroux du préposé : « un par un ! Tout à la queue! ». Il faut jouer des coudes et écraser des pieds pour garder sa place en lançant un regard noir et parfois une invective ; Nous voici dans la place et là….
Le « bureau » a la taille d’une cabine de douche ! 5 personnes attendent derrière le « guichet », compressés au point de ne pouvoir bouger un membre ! Essayez de rentrer à 5 dans une cabine et vous comprendrez aisément ! Le guichet est formé d’une vitre dans laquelle sont découpés à 1,60 m du sol, un trou rond de 10cm de diamètre et, 1M en dessous un trou rectangulaire de 3cm de haut sur 10 de long. Un vrai « trou qui parle » à la russe ! L’ensemble de la vitre est recouvert de scotch marron. Sait-on jamais si on réussissait à voir la tête du préposé !!! Bien évidemment aucune lumière dans ce bouge ! L’horreur absolue pour une claustrophobe comme moi ! Concentrée sur ma respiration, je prépare soigneusement nos documents. Le douanier veut les dossiers « UN à la FOIS ! »; afin de ménager sa susceptibilité, je tends celui de Jean-Paul en premier. Mais, quand il découvre le mien, il tonitrue : « VOUS ETES ENSEMBLE ? » « oui » « Alors les dossiers ENSEMBLE ! »…Logique douanière !!!
Les visas seront disponibles demain à 14 H ! Rien à faire pour les obtenir dans la journée !
Nous visitons donc Rabat.
Rabat a été fondée en 1150 par le Grand sultan Almohade Abd al-Moumin, au nord d’une antique cité romaine. Le Maréchal Lyautet l’avait choisie comme centre administratif du protectorat. Les immenses remparts, couleur de pain d’épices, érigés par Yacoub el Mansour, au XII ème siècle, entourent la ville sur plus de 5 Km.
Nous parcourrons la Médina et flânons dans ses multiples échoppes jusqu’à l’immense cimetière El Alou que nous longeons jusqu’à la Kasbah des Oudaïas.
Un peu de traduction :
Kasbah : maison fortifiée en pisé sur fondations en pierre
Ksar : ensemble formé par plusieurs Kasbah, donc village fortifié
Souk : marché
Dar : la porte
Médina : la ville
Riad : jardin clos, puis maison d’hôte avec jardin.
Baraka : la chance

Revenons à notre Kasbah. Elle est l’une de premières constructions de la ville, a été bâtie au XII° siècle sur un site romain. Les Oudaïas étaient de terribles pillards, si sanguinaires, que le Sultan Moulay Abderrahmane a arrêté leur caïd en 1832 et a dispersé toute la tribu. Une partie s’est réfugiée à Rabat dans cette Kasbah à l’abandon. Décidés à se tenir tranquille, les Oudaïs deviendront les garants de la sécurité de la ville.
La Kasbah est divisée en trois parties : andalouse, portugaise, musulmane. Les ruelles sont étroites, les maisons peintes de blanc, symbole de l’unité, et de bleu pour la mer. Au pied des murailles, le long de plage, le mausolée de Sidi el’Yabouri fait l’objet d’un culte assidu de la part des femmes en mal de maris !

Un dar est orné d’un chat… Etrange…Il s’agit du riad Dar Baraka (darbaraka-rabat.com) et son histoire est peu commune. Avant de partir pour la Mecque, le propriétaire a caché sa fortune dans un trou du jardin. Il est mort lors du pèlerinage. Malheureusement, sa famille ne connaissait pas la cache. Lors d’une grande famine, elle a recueilli un chat famélique…qui un beau jour, a gratté le sol et découvert le trésor ! La légende dit qu’Allah a voulu récompenser la famille de sa charité envers la pauvre bête.

Nous voici à nouveau devant le consulat et nous échangeons quelques mots avec Yves et Roselyne rencontrés hier. Le passeport d’Yves n’avait plus qu’une demie page disponible et le douanier a refusé d’accorder le visa : il exige 2 pages vierges !!! Le consulat a finit par accepter d’établir un passeport provisoire. Mais aujourd’hui, le douanier exige 20 DH (2€) et refuse de rendre la monnaie sur le billet tendu par Yves ! C’en est trop ! Je tends une pièce de 20 DH à Yves, histoire de contenter le douanier !!! Et quand les Français se dépannent…APERO !!! Nous avons passé deux heures agréables dans leur caravane… A charge de revanche au Sénégal… puisque nous serons dans le même coin.
Au moment de partir, la roue arrière droite est quasi à plat. Jean-Paul enclenche le compresseur et regonfle. Nous nous arrêterons souvent sur l’autoroute pour contrôler…Le pneu devient brulant… Soudain… SPLOOOOO ! BBANNNG ! Nous nous garons en catastrophe ! Le pneu est à plat !

Nous changeons la roue et prévenons Mina de notre retard. Elle nous attend chez elle à El Jadida. Nous arriverons à la nuit, juste avant une nouvelle tempête ! L’accueil de Mina est digne de sa réputation ! Jusque tard, nous échangerons avec sa nièce et ses neveux. Ils nous conseillent et nous apprendrons que la route entre Marrakech et Agadir est coupée à cause des inondations. Où va-t-on passer ? Il faut attendre (encore !), le temps va s’arranger !
Le lendemain, grâce à l’intervention efficace de Mostapha, notre roue est réparée pour… 20 Dh !!! (2€)
Album photos Rabat. Cliquez ci-dessous.
El Jadida : En accostant en 1502, les Portugais ont édifié en catastrophe un fortin, baptisé : Mazagan. Il est doté de superbes murailles, réputées imprenables. En 1514, une salle d’arme souterraine est construite. L’épaisseur des murs dépasse 3 mètres, sa superficie couvre près de 100 m2 et 25 piliers soutiennent sa voûte. En 1541, ce bâtiment sera transformé en citerne à eau. Alimentée en eau de pluie grâce à un trou dans la voute, elle peut contenir 2,7 millions de litre d’eau ! Abandonnée, puis murée, elle a été redécouverte…en 1916, quand Ben Attar, épicier de son état, a souhaité agrandir sa boutique en écroulant un mur !

Mais revenons à Mazagran; En 1769, le terrible sultan Mohamed ben Abdallah s’empare de la ville et la rebaptise El Jadida, ce qui signifie «La nouvelle» en arabe. Elle s’agrandira et la médina sera cernée de remparts, flanquée de 4 nouveaux bastions.
Après une séance shopping dans la «caverne d’Ali Baba» et au souk, il est temps de reprendre notre route.
Merci à Mina et à sa famille pour leur accueil chaleureux !
Album photos El Jadida. Cliquez ci-dessous