Dakar. Ile de Gorée. 3 janvier 2011

Au royaume des « déplumeurs », nous sommes des Rois !!!

Dès 9 heures, nous nous élançons à l’assaut des terribles douaniers du Môle 2 à Dakar. Le carnet ATA est bien protégé sous pochette plastique (le respect des documents çà en jette toujours !) et sur le dossier, en écriture très lisible et très visible, figurent le nom et les coordonnées du Colonel DIOUF, ponte des douanes sénégalaises. Ne me demandez pas comment on s’est procuré ce plan : Secret Défense !

Aplomb, tête haute, démarche énergique, détermination, on fonce dans le bâtiment en négligeant le pauvre planton qui tente de nous héler et les rabatteurs. Ils sont quantité négligeable et nous : les Officiels…Vu comme çà…

Sans ralentir notre pas de charge, nous gravissons l’escalier face à nous. Un « galonné » surgit et n’a que le temps de jeter «  ATA 2ème », que nous enfilons déjà la deuxième volée de marches. Rien n’arrête notre progression fulgurante…Même si, deux secondes plus tôt, nous n’avions pas la moindre idée de notre destination !

Palier du 2ème : on « enquille » le couloir de gauche (celui qui paraît le plus large) et là…STOP !!!

Bureau des archives…?!…

Des dossiers s’empilent sur palettes du sol au plafond mais…Il y a un coude sur la droite : on charge quand…Soudain…La porte d’un bureau s’ouvre et un civil bien mis apparaît, sourire aux lèvres…Mauvais plan ? … 

« C’est pour votre carnet ATA ? Par ici, je vous prie » On s’assied…Méfiance…Présentation…Et on lui remet le carnet, nos passeports, la carte grise, le passavent qu’obligeamment il photocopie. Mais ils sont où les « enragés ripoux » ? On venait en découdre…Comprends plus… On patiente…

Au bout d’un quart d’heure, le civil nous entraine dans un bureau où trône un énorme cerbère en galons, air rogue et trogne renfrognée. Ah ! Je savais bien : il était planqué ! Il attendait son heure ! Le civil nous montre une pochette jaune pleine de cases : le dossier est là sur le bureau du secrétaire du Chef de Bureau. Ah bon ! Le cerbère est sous-fifre donc !…Le Chef fait ses mondanités pendant ce temps….Nouveau quart d’heure…

Le civil revient la précieuse pochette en main. Il faut aller au rez de chaussée, bureau du secrétaire du Chef aux Ecritures (c’est écrit sur la porte !)…Nouvelle attente….Bureau du secrétaire, ensuite bureau du Chef aux écritures, le civil promène notre carnet et évite son engloutissement.

Il m’intrigue ce gars… Parfois, comme une crainte passe dans son regard quand j’évoque le Colonel Diouf.  On finit par le démasquer : il ne travaille pas à la douane mais il aide la douane. En clair : transactionnaire…En encore plus clair : ne bosse pas à l’oeil mais à ses 2 yeux qu’il estime fort cher !…Alors là, mon p’tit, tu vas me voir à l’oeuvre, foi de Tita !!!

Le civil ressort avec la pochette jaune et nous entraine dans un cinquième bureau : celui de la Douane ! Les coordonnées de Diouf sont toujours bien en vue. Le douanier est sympa, s’inquiète de nous, de la route, inspecte nos documents (Dis JP : à combien il nous évalue ?). On répond fermement, avec correction. J’évoque l’ami commun avec le Colonel Diouf d’un ton badin et lui demande de transmettre les civilités du dit ami… Le tampon claque sur le dossier, Jean-Paul est invité à signer…J’attends la douloureuse : sur les forums, 80 000FCFA (122€) comme 20 000 (30,50€), ont déjà été évoqués. A Diama, le douanier nous avait informé qu’une fois la taxe de passavent payée, on ne devait plus rien. On attend…Sourires de part et d’autre…Puis le douanier nous souhaite bonne année, bon séjour. Quoi ? Rien à payer ? Non !

Nous voici dans le couloir et…C’est là que la partie se joue vraiment !

Le civil tient mollement le carnet et ignore que nous l’avons démasqué. Avant qu’il ne batte un cil, rapide comme l’éclair, je lui chipe le carnet à la volée…Il est scotché ! Cette fois, nous détenons la position dominante.  Il tente un coup… « J’ai travaillé pour vous.. » «  Oui, merci c’est gentil ! Mais une transaction se discute avant ! Et comme tu n’as pas dit ton prix, et que nous savions où aller… » « On travaille gracieusement à «  votre bon coeur ». « Tu as bossé 1H30, bon travail d’ailleurs… C’est le jour des étrennes…Voyons…J’ai peu d’argent car je dois aller à la banque…Tiens, je te paie 4000 FCFA (6,10€) » Il aperçoit mon porte-monnaie vide, fait la tête… « Mais l’ami fallait discuter avant, moi je ne t’ai rien demandé donc c’est à prendre ou à laisser »…Cruelle, je retourne le couteau dans sa plaie…Il a pris ! Et on a bien ri de notre coup de bluff !

Ile de Gorée :

A quelques encablures de Dakar, l’Ile de Gorée charme nos regards depuis le pont de la chaloupe : ciel d’azur pur, maisons ocres fleuries de bougainvillées de toutes couleurs, palmiers verts…Tout paraît enchanteur…

L’ile s’étire sur 900 m de long et 300 de large. Ses ruelles ombragées serpentent entre les maisons coloniales au charme désuet. Il fait bon flâner le long des boutiques d’artisanat.

Tout n’est qu’illusion ! Gorée est…Décrépie, délabrée malgré son classement au patrimoine de l’Unesco. A part une ou deux maisons très entretenues, la ruine frappe toutes les habitations. Même, les magnifiques bougainvillées ne réussissent plus à la masquer ! De riches Dakarois établissent sur Gorée leur résidence secondaire…Mais ce qui manque cruellement est l’énergie des habitants à restaurer leur patrimoine. Ces derniers passent hélas plus de temps à « agripper » le touriste pour lui vendre les inévitables horreurs made in Tawaïn, présentées comme artisanat typique. Seule l’échoppe d’un artiste peintre très connu nous arrêtera un instant !

Pourtant, Gorée, découverte en 1444 par les Portugais, était un port naturel idéal et facile à défendre. Escale commerciale d’importance, elle a représenté un enjeu stratégique majeure pour les puissances européennes. Gorée vient du nom hollandais « Goede Reede » qui signifie « Bonne rade ». Jusqu’au XIX siècle, les signares (femmes métisses à la peau claire et maitresses des colonialistes) lui assurent un commerce florissant : arachides, peaux, gomme, or et «or noir ». La maison des esclaves et sa statue sont là pour rappeler le sinistre passé de Gorée. L’île représentera à jamais le symbole mondial de la traite négrière.

Le taxi nous ramène sur les parking de l’auberge de Rufisque à travers les gigantesques embouteillages de Dakar et sa circulation démentielle ; aucune signalétique, aucun sens interdit ni nom de rue dans cette capitale ! La Maréchaussée veille à l’affût de la moindre erreur….Soudain…PSCCCHHHIIITTTTT…

Le taxi crève  ! çà nous poursuit !!! Le conducteur nous a laissé pendant une grosse demie-heure la garde de son véhicule, le temps pour lui d’opérer une réparation…qui ne tiendra pas ! Décidément !

Album photos. Cliquez ci-dessous.

Dakar. Gorée.

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