Déjà 33,6° à 8H50 : çà promet !
Nous prenons la route pour Faro, avec une halte à la chapelle Sao Lourenço. Inutile de vous dire qu’elle est bien mal indiquée, que nous avons cherché un bon moment, emprunté une route très étroite, sinueuse pour enfin déboucher sur la place et…Essayez de garer un camping-car, même d’une longueur de 5,45 mètres frôle parfois l’exploit sportif ! C’est le cas au pied de cette chapelle ! Notre Exsis envahit littéralement l’espace…
Pour vous aider, cet édifice est à 2 km à l’est d’Almancil, à 6 km de Loulé, sur la route de Faro. Il faut donc prendre la route au lieu de la voie rapide…Prévoyez une carte assez détaillée et…De nombreuses fausses routes !
L’extérieur n’a rien de rare si ce n’est l’escalier quasi à pic qui conduit au clocher et la fresque représentant le martyre de St Laurent.
La visite est payante et plutôt chère : 2€ par personne ! Les photos sont interdites…Si ! Si ! La cerbère voit et entend tout. Pour le prix, quand même…Un cliché…Comme nous n’avions pas l’appoint et la cerbère pas de monnaie, Jean-Paul retourne au véhicule chercher des « petites pièces ». Bonne élève (Hum ! Hum!), je lui tends, avec un grand sourire mon appareil photo, à ranger dans le véhicule. Sauf que…Dans ma pochette…Patiente mon mini appareil, le fameux Cybershot format carte de crédit et silencieux au possible.
L’intérieur de la chapelle est tapissé d’azulejos, réalisés au XVIII° par le Maitre de l’époque : Oliveira Bernardes. Les scènes racontent la vie et la mort en l’an 258 de St Laurent . Figurez vous qu’il préférait distribuer les biens de l’Eglise aux pauvres plutôt que de les donner à l’empereur romain. Grave ignominie qui sera punie comme il convient ! St Laurent a fini brûlé sur un gril chauffé par un brasier…La 1ére plancha en somme !
Dans la chapelle, le bleu de azulezos est comme rehaussé par l’or des retables. La lumière est fantastique, un peu magique…Alors…Sans bruit, je m’autorise 3 clichés à la volée…Le résultat est moyen mais on a bien rigolé !
A Faro, nous visitons la vieille ville uniquement. La chaleur gagne en intensité. Nous serons donc un peu épargnés dans les vieilles ruelles. Ce qui frappe au premier abord est le bruit incessant du trafic aérien ! Comment font les gens pour vivre dans un tel rugissement de réacteurs ? La vieille ville présente un bel ensemble architectural, en pleine restauration.
Nous aurons la chance d’apercevoir de belles scènes de vie : la mendiante sous le porche, l’atelier du céramiste, des azulezos en cours de restauration, un mariage et son cérémonial bien différent du notre, et, enfin, la serrure portugaise. Vous ne connaissez pas ? Pourtant, elle est simple, efficace et…à la portée de toutes les bourses ! Prenez une chaine et un cadenas. Passez la chaine dans des trous faits dans chaque battant de la porte, pour une porte à 2 vantaux, ou dans le trou de la porte et celui du volet de la fenêtre, cadenassez et …Le tour est joué !
Il fait trop chaud pour rester à Faro…Cap au nord pour trouver de la fraicheur ! Nous empruntons la N2 plutôt que l’autoroute. Ceci nous permet d’acheter en direct des fruits et légumes incomparables ! Les tomates cœur de bœuf sont charnues, sans pépin. Le goût est celui de la tomate juste cueillie au jardin mûre à point. Une odeur de fraise envahit soudain l’étal. Sous nos yeux, un ouvrier en apporte de pleines caisses. La cueillette est en cours. Côté tarif ? Un kilo de cerises très charnues, deux kilos de tomates cerises, 500 grammes de fraises, autant de figues, un kilo d’abricot et 500gr d’orange, le tout pour…10,70 euros ! Non, je ne me trompe pas ! Moins de 11€ le tout ! Alors, faites comme nous ! Achetez direct au producteur en bord de route ! Vérifiez cependant le rendu de monnaie. L’erreur est humaine…L’appât du gain aussi !
Nous roulons dans l’Alentejo, la plus grande province du Portugal ( environ la superficie de la Belgique). Ici, le paysage est composé de vastes plaines dont la monotonie est rompue par quelques collines. Grenier à blé du pays, 1er producteur mondial de liège, couvrant 1/3 de la superficie du Portugal, l’Alentejo ne regroupe pourtant que 6% de la population. Le climat est rude : glacial et venté l’hiver mais torride et poussiéreux l’été. On en découvre un bel échantillon puisque nous voyageons toute fenêtre close et climatisation poussée !
L’Alentejo est la province des Latifondias. Ce sont d’énormes propriétés (un peu comme les haciendas) qui produisaient les céréales, la viande bovine, l’huile d’olive. Elles employaient un minimum d’ouvriers permanents et beaucoup de saisonniers. Lors de la révolution de 1975, les latifundaires ont été obligés de partager la terre. Ils n’ont pu conserver qu’une centaine d’hectares chacun. On peut vous dire que c’est déjà beaucoup et qu’il n’y a pas foule ! Les voisins proches sont encore bien loin les uns des autres ! Même si le portail de la latifundia est proche de la route principale, nous ne verrons presque pas les bâtiments tant la route d’accès est longue.
Le liège est exploité dans cette région. Nous trouverons de nombreuses exploitations de chêne liége. Seule l’écorce est collectée, à une périodicité de 4 ans par arbre. Elle est ensuite stockée puis travaillée, transformée en chapeau, sac, bijou ou vêtement. Le « produit fini » est très souple, fin, léger et résistant.
Nous voici enfin au camping de Béja. La température extérieure est de presque 46° alors qu’à l’intérieur du camping-car, elle culmine à 31°. En sortant du véhicule, Jean-Paul, qui ne craint pourtant pas la chaleur, a l’impression d’être précipité dans un brasier intense, comme si du plomb en fusion coulait sur ses épaules. Il reconnaît que c’est la première fois de sa vie de baroudeur qu’il connait une telle sensation. Moi ?…OUT ! Je suis totalement OUT ! C’est sûrement pour çà que…J’y reviendrais un plus loin ! Subit-on le martyr de St Laurent pour les 3 photos clandestines de la chapelle ?
Pour autant nous souhaitons visiter le musée d’Art Wisigoth. Et si on veut le faire avant la fermeture…Il faut affronter la fournaise ! Le billet est couplé avec le musée régional, lequel est installé dans l’ancien couvent. Et qui dit couvent, dit ??? Fraicheur bien sûr ! Un vrai bonheur ! Nous avons apprécié la marqueterie de marbre de la chapelle baroque, le déambulatoire, la chapelle St Jean-Baptiste et sa curieuse porte des morts.
Le musée wisigoth étant malheureusement fermé, nous nous sommes précipité dans le château toujours à la recherche d’une bienheureuse fraicheur. La visite est gratuite ! La vue du haut des remparts, et surtout de la tour, est époustouflante. A perte de vue, ce ne sont que champs de céréales dorés par le soleil, tâches vertes des oliveraies et immenses silos de stockage des céréales.
La chaleur écrasante ne réussissant pas à réduire notre gourmandise, nous cherchons la pasteleria Luis da Rochas. Cette pâtisserie est une institution ! Elle tient le haut du pavé depuis 1893 ; le décor est très « année 1950 ». Déguster une douceur devient un moment d’anthologie ! La rue qui nous conduit dans ce haut lieu de la gourmandise est ombragée par de grandes toiles tendues de part et d’autre. Pratique pour le challant mais désespoir du photographe ! Comme souvent au Portugal, nous manquons de recul pour photographier une belle façade, les rues en pente ou les bâtiments de guingois donnent l’impression que la photo est tordue ! Nous découvrirons quand même une magnifique cheminée maure qui tient lieu de barbecue.
Le camping …Maintenant que me voici revigorée, je me lance dans la visite des sanitaires. J’espérais laver ma tignasse…Là !…Horreur !!! Stupeur !!!! Dégout !!! Je reviens au véhicule hors de moi ! Et refuse catégoriquement d’utiliser le bloc sanitaire ! Je ronchonne à tout va, empoigne l’appareil photo et opère une volte-face devant Jean-Paul médusé. Quelle mouche me pique ? Le bac à vaisselle est rempli d’une sorte de sable noir, les douches femmes sont décorées de touffes de poils noirs, de rasoirs jetables, d’emballages de tampons périodiques. Çà mérite un bon commentaire assorti de photos sur le net !!! Alors, je me défoule ! Le chariot de ménage est dans un coin : les éponges, serpillières et balais sont …Momifiés ! Ils n’ont pas du servir depuis, au moins, leur invention !
Je fonce à l’accueil, ordi sous le bras pour une mise en ligne de cette abomination sans tarder. Hé ! Hé !
Béja est une ville qui a beaucoup développé le wifi ; elle l’offre gratuitement dans les endroits les plus touristiques, dont l’accueil du camping. Je respecte toute la procédure, créé mon identifiant, attend le mail de confirmation contenant le lien de connexion…çà dure un peu ! L’ordi est sur mes genoux car la seule minuscule table est occupée par un Papy qui lit le journal. Le responsable du camping sort et…Chasse le Papy. Il doit me céder la place ; je propose de partager…Stratégie pour engager la conversation et m’étonner de la difficulté à se connecter. Qu’est ce que je n’ai pas fait là ? Le responsable, dévoué comme tout Portugais de plus de 50 ans, m’impose son aide et s’approprie mon ordi. Il refait la procédure…1 fois, 2 fois, 3 fois…Peste et me prouve que çà marche sur son téléphone portable. Au bout d’une demi-heure, je déclare forfait ! Mais avec une idée derrière la tête…Puisque je ne peux pas avoir internet, est-ce l’agent d’entretien pourrait me laver une douche ? Dit avec un beau sourire et devant l’air dépité du responsable, j’avais une chance… Ce sera comme le wifi ! C’est proposé mais impossible à réaliser de suite ! Pour la petite histoire, le mail contenant le lien a été envoyé…3 heures après ma demande initiale ! Et toujours pour la petite histoire, nous avons déboursé dans ce magnifique camping au sol poussiéreux et aux sanitaires insalubres : 11,50 € la nuit ! Alors, les camarades : faites du camping sauvage aux environs de Béja et boycottez ce bouge !
Album photos. San Louricio. Faro. Beja. Cliquez ci-dessous :