Lever 6H et…Alors là ! …J’vais les sortir du lit les gaillards !!! Les voitures sont encore toutes là ! Ils ont du m’entendre : la troupe partira à 7 h et nous à 7H35.
La route est extrêmement défoncée jusqu’à la banlieue de Rosso où nous devons bifurquer sur la piste du barrage. Il nous faudra bien 3 heures pour couvrir ce tronçon de quelques 200KM. D’après nos infos de la veille, la piste est facile sauf un tout petit peu de tôle ondulée à la fin. La dernière fois, 1H30 avait été nécessaire pour couvrir ces 90 Km et nous avions gardé le souvenir d’une piste roulante à travers un beau paysage de roselières, étangs, parmi les oiseaux.

Arrivée dans la nasse de Rosso…Nasse car repaire de voleurs, bandits, arnaqueurs de toutes sortes !!! Le bazar commence.
Le GPS de randonnée indique que nous venons de dépasser le départ de la piste. Jean-Paul stoppe. Nous scrutons: plus de panneaux. La racaille s’attroupe vers nous. Je hèle un gendarme qui « plantonnait » sous un arbre. La piste est bien là où nous sommes mais il veut à tout crin nous envoyer sur le bac et…L’autre nasse des escrocs ! On prétexte un RDV au campement de Keur Macène sur la piste. Le gendarme nous souhaite bonne chance. Ah bon ?! Pourquoi ?! Un type veut me vendre un guide, l’assurance…Un autre nous faciliter le passage du bac..
Non ! On ne veut pas : non discutable et non négociable !
Jean-Paul enclenche la 1ère et c’est parti…Pas tout à fait ! 800 mètres plus loin…la police nous arrête ! Et veut nous envoyer au bac ! Refus ! Le policier réclame un médicament contre le rhume ; je lui tends une boite de doliprane. Une seule ? Oui, c’est très puissant comme médecine ! Alors bonne chance pour la piste. Tiens… çà fait deux fois !!?? Ils ont une participation pour nous envoyer au bac ? Et pourquoi à nouveau « bonne chance » ????

La piste démarre bien gentiment, bien tracée, pas trop poussiéreuse, le GPS de rando nous guide. Fastoche : il faut suivre la digue, qu’on voit bien sur le GPS, en montant ou descendant sur la route de relevée, exactement comme les autres véhiculés. Quand …au bout d’à peine 2Km, çà se gâte !
Le trafic est dense : énormes bâchés à fond de leurs moteurs rugissants, camionnettes roulant « en crabe », vélos, charrettes… le tout disparaissant dans un brouillard de sable hyper dense. Là, on comprend le 1er souhait de bonne chance.
Gaulois jusqu’au bout, on persiste mais…soudain…la piste se divise en une multitude de traces !!! On va où ? Observons… Ah ! Çà y est ! La piste principale est un peu plus tracée ! A peine…Laissons retomber un peu la poussière… Jean-Paul pilote bien et nos pneus contact font merveille dans le sable car…sur des KM…la piste n’est que sable mou ! Nous pensons tous les deux à l’enlisement…Concentrons nous ! Pour le moment, on roule…

Les conducteurs des grands bâchés , les passagers des mini bus nous acclament : on aura surement un coup de main au besoin. C’est rassurant… Quand, vers 13 H, le trafic stoppe tout à fait. Génial ! La visibilité s’améliore ! Oui mais… interdiction de se tromper de piste : il convient de flairer le sable traitreusement devenu mou ! Nous avançons prudemment, parfois nous arrêtons pour définir la meilleure piste, voire même descendons pour scruter le terrain. Les aérations du camping-car sont toutes hyper occultées, les vitres fermées, la clim en route : on ne devrait pas embarquer trop de poussière…
Cependant, à travers la magnifique réserve du Diawling, nous réalisons soudain que plus personne ne nous double ou nous croise…Anxiété…
Mais pour le moment, tout va bien. On risque l’enlisement fréquemment; çà passe limite, limite. Les pélicans, martin pêcheurs, aigrettes, ibis noir à bec rouge, aigrettes, hérons et balbuzars se moquent de nous ! Les zébus hochent la tête…Jean-Paul a furieusement envie de rouler sur la piste de terre que nous longeons. Je tiens bon pour le sable : la terre est trop proche des étangs, elle est craquelée sur les bords, nous pesons plus de 3 tonnes…A mon sens, plantage assuré et on restera là au moins 48H avant le prochain passage d’un véhicule : c’est réveillon !

Nous passons les divers péages…Ben oui ! On paie pour rouler sur une piste défoncée figurez vous ! Foutage de gueule oui !!!! Finalement, le sable s’arrête au profit…de la pire tôle ondulée qu’il puisse être donner de connaître ! Des stries profondes, sur du gravier, hyper cassante : on regrette le sable ! Notre vitesse de pointe descend à 15Km/H grand maximum…15 km seront parcourus dans ces conditions ! La galère totale !!!
Enfin, au bout de 4 longues heures, au bout de ces 90 Kms éprouvants : la douane de Diama est en vue !

Au bout de nos peines ? Non ! Il faut payer une taxe à la commune, une autre au fainéant (celui qui roupille sur sa chaise là dans la cahute) qui doit ouvrir une méchante barrière, une autre au préposé aux coups de tampons sur les passeports…Personne ne nous dit mot, seuls les regards en disent long mais…nous ne décodons pas … le 2eme souhait de bonne chance !
Nous voici à la douane sénégalaise. Là c’est réputé chaud et terrible !!!…Crevés comme on est, nous avons intérêt à rester hyper calmes. Nous décidons de faire les formalités à 2, bien que seul le conducteur soit autorisé à faire les démarches.
Police : le carnet ATA est bien visible dans ma main, protégé sous plastique…Le policier écrit, nous parle gentiment…On est sur nos gardes : çà cache quoi ?
« C’est très bien ! Allez à la douane. » « Attendez…vous avez tout bien tamponné ? On ne doit rien ? » Incrédulité de notre part…Sourire de sa part : « non, c’est parfait. Bon séjour ». D’habitude c’est 10€ la police !? …N’insistons pas ; filons à la douane en face…
Là…Autre numéro : tapis rouge pour nous !?! C’est quoi ce cirque ?!?! Tapis rouge et même …Compliments ! Ouille : ils vont nous soutirer combien ??? Nous sommes cités en exemple à des imprudents qui n’avaient pas de carnet ATA . Et sans le carnet, impossibilité de rentrer au Sénégal et retour en Mauritanie par la piste ! On nous fait passer avant tout le monde…Re-méfiance…Le douanier veut voir nos bagages. Ah, je me disais aussi ! Fouille du camping-car ? Même pas ! Il monte très précautionneusement à bord, n’ouvre rien et constate que nous n’avons pas de bagage. Là : on ne décrypte plus ! Pas de bagages ?!.. Mais nos placards sont pleins ! Oui, mais pas de bagage en vue alors pas de bagage. (au passage, relisez le mon coup de gueule d’avant le départ : « tout ce qui est hors des placards est de trop ! »). Gentiment, il nous fait minutieusement le passavent de 48 H pour aller à la douane de Dakar dès lundi pour validation définitive du carnet. Il nous explique plusieurs fois, comme à des enfants, et nous demande seulement 2500 FCFA avec reçu. Quoi ? Pas de marchange ? De demande d’encouragement ?
Les deux douanes sont franchies en à peine 30 minutes ! …Un record !?!?
Ce n’est que quand le douanier nous dira : « allez tranquillement à St Louis vous reposer » que nous réaliserons l’état de fatigue et de crasse qui est le nôtre : on fait peine c’est clair ! On doit être minables…
D’ailleurs, aux 3 barrages suivant, aucune demande de backchich !

A St Louis, Raymond nous accueille à bras ouvert dans son camping : depuis le temps qu’il n’a plus de camping-cars ! Il nous indique le tuyaux d’eau, les douches. Nous mettrons une bonne heure à sortir les 3 KG de sable embarqués dans le camping-car !!! L’extérieur attendra le lendemain. La douche nous remet sur pied et une bière poussera le sable encore dans nos gosiers. Raymond nous félicitera d’être resté sur le sable : la piste de terre c’est l’enlisement assuré ! Seule la croute superficielle est dure ! J’avais raison d’être têtue !
Mémorable réveillon ! Nous offrons à Raymond 2 tranches de foie gras sur canapé, deux tartines de tapenade et des papillotes; il nous offre deux tranches d’agneau (beurk en ce qui me concerne!)
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